Bonjour et merci a la Fédération Française des Pilotes Maritimes d’avoir organisé
cette table ronde sur la problématique des lieux de refuges.
Merci de permettre aux Capitaines de Navires d’exprimer leur point de vue sur la
question. Pour ma part je considère l’exercice particulièrement difficile car il s’agit avant tout
d’évoquer un cas de figure qu’aucun d’entre nous souhaite vivre.
En effet, lorsque pour le Capitaine se pose la décision de faire relâche, dans
la majorité des cas, la situation du navire n’est guère brillante, le Capitaine et son équipage sont en
situation d’échec (ce mot est terrible), la tâche est au-dessus de leurs moyens et tout naturellement si
un espoir subsiste pour sauver les personnes, le navire, la cargaison c’est vers la côte que les yeux
se tournent.
Par le passé, pas si lointain, les instructions nautiques, les pilotes, les
services portuaires (j‘aime revenir aux choses un peu anciennes), apportaient toutes leurs compétences et
l’aide nécessaire pour mener a bien cette délicate tâche qui consistait, autant que faire se pouvait, à
sécuriser le navire.
Les évènement récents, ou des textes réglementaires divers et variés, ou
encore la crainte de l’opinion publique, inhibent en nous tout courage d’assumer certains risques, et nous
ont démontré l’étendue et le coût des dégâts.
Les lieux de refuges sont une nécessité, nous n’aurions jamais du l’oublier!
Chaque fois que nous refuserons cette évidence nous génèrerons une catastrophe
maritime, une mise en prison du Capitaine et d’interminables procédures en réparations financières.
Pour tenter d’apporter une modeste contribution aux travaux de cet atelier, nous
évoquerons deux chapitres.
- Réalité d’aujourd’hui :
- le Capitaine a un problème technique complexe à résoudre avec une aide extérieure.
- le Capitaine n’a plus d’officier radio.
- le Capitaine est en relation avec la personne désignée à terre (ISM).
- le Capitaine est peut être depuis plusieurs heures, plusieurs jours sur sa passerelle et le
navire n’est pas obligatoirement sans gîte, etc.
Une seule et même personne désignée doit donc être le contact entre la terre et lui.
(le Capitaine ne doit pas être sollicité à tout instants par toutes les autorité impliquées).
- Ce qu’il faut envisager:
- Les équipes "d’évaluation" doivent obtenir la pleine collaboration de l’équipage. En
conséquence, le Capitaine ne doit pas se sentir menacé.
- La désignation du lieu de refuge n’est pas, à priori, du ressort du Capitaine, elle doit
rester le problème de l’autorité de l’État côtier.
- Selon le voyage, le navire devrait avoir quelques cartes de détail de la côte auprès desquelles
il navigue. (dans la mesure ou les lieux de refuges ne doivent pas rester secrets, création
d’une collection lieux de refuges par exemple).
- L’idée de faire des exercices dans tous les pays côtiers est à retenir.
- Adapter une "couverture financière quelconque" à cette situation particulière. Un
tarif, établi par exemple à l’avance, semble être préférable (car tout a un coût ).
Pour terminer je pense sincèrement que seuls les gens du métier sont et resterons
les plus aptes pour résoudre le côté technique. Les pilotes maritimes étant le premier maillon de la
liaison navire-terre (ou terre-mer), ils doivent le rester. Pour ce qui est de la vision politique de la
chose je dirai simplement bon courage!
Cdt Daniel MARREC
Président de L'Afcan
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