Depuis longtemps notre institut est impliqué dans le management du facteur humain dans l'industrie maritime.
Nous avons été des précurseurs dans la formation d'experts ISM que nous avons proposé dès l'année 2000.
Aujourd'hui, après plus de 20 ans d'existence de la prise en compte du facteur humain dans notre industrie avec un but unique de prévention des accidents, nous pouvons commencer à faire un bilan.
Première constatation : en % le nombre d'accidents a diminué, mais d'une manière étonnante, une catastrophe comme le naufrage du COSTA CONCORDIA vient contredire ces résultats. Comment 100 ans après le TITANIC et près de 30 ans après le HERALD of FREE ENTERPRISE une telle tragédie peut arriver ?
On s'est pourtant occupé à réglementer et à appliquer les conventions SOLAS et STCW dans un processus de management de la sécurité avec une multitude de recommandations provenant de la profession comme l'exige le code ISM.
A part quelques bateaux pourris ou mal gérés qui ont défrayé la chronique, subitement un soir de vendredi 13 de janvier 2012, un magnifique paquebot plein de croisiéristes enthousiastes, s'ouvre comme une boite de sardines sur un caillou bien connu à GIGLIO au large des côtes italiennes.
Stupeur, les causes sont uniquement dues au facteur humain : qualité et comportement de son capitaine et très mauvaise application du code ISM et de STCW ! Les techniques modernes d'aides à la décision, les formations au management des ressources humaines à bord des navires (gestion de crise et comportements humains ainsi que le CRM) tout cela n'aura servi à rien alors ?
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Il est un fait bien étrange : la formation ISM commence seulement à se développer dans le monde. L'erreur initiale avait été « d'oublier » d'inclure une formation obligatoire dès la naissance du code en 1993. Dans ce métier on n'aime pas trop reconnaître ses erreurs et aujourd'hui, la formation ISM n'apparait toujours pas clairement obligatoire.
Que ce soit en aviation commerciale ou en marine marchande, le facteur humain bien géré selon un canevas international, a des résultats tangibles et reste un objectif fantastique.
Souvent amélioré par l'OMI en tenant compte d'un retour d'expérience et également du coût réel de son application, le code ISM est incontournable et à terme pourra gérer toute la partie sécurité/sûreté/protection de l'environnement marin de notre industrie du plus petit bateau à passagers jusqu'à ces gigantesques paquebots pouvant transporter près de 10 000 personnes en passant par les porte-conteneurs de 20 000 EVP et plus.
Dans un monde ou le business est DIEU, la perte de navires à cause du facteur humain n'est plus aujourd'hui insupportable. Pour arriver au supportable, il faut une volonté de la part des autorités maritimes chargées du contrôle (FSC et PSC) et nous pensons que c'est là que le bât blesse.
Les effectifs des autorités maritimes baissent, le niveau d'expérience des inspecteurs baisse… les organisations privées grossissent … mais seront-elles suffisamment compétentes ?
Vu les salaires qu'elles proposent, ce n'est pas du tout sûr.
Cdt Bertrand APPERRY
AFCAN AFEXMAR IIMS HSM