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Une ancre endommage un gazoduc sous-marin
Tiré du rapport n°260-MO-2008-012 de l'Australian Transport Safety Bureau.
 
Traduction libre de MARS 201045 (Mariners' Alerting and Reporting Scheme) par le Cdt J.P. Dalby



       En arrivant au port, et assisté par un pilote, un porte-conteneurs jette l'ancre au mouillage d'attente. Lorsque le pilote débarque, le vent est de 35 nœuds avec des rafales à 48 nœuds. Un gazoduc sous-marin se trouvait à 0,6 mille sous le vent.

Résumé des faits principaux (voir le relevé des positions sur la carte) :

12h00 :
14h28 :






14h36 :
15h01 :


15h27 :


15h48 :
15h49 :
16h03 :
16h11 :
16h20 :

16h21 :
16h27 :
16h34 :
20h11 :


21h00 :
21h53 :

00h48 :
Embarquement du pilote de mer à la station de pilotage extérieure.
Mouillage de l'ancre tribord, cap au 108 avec un vent de 35 nœuds soufflant du 200. (Le cap est choisi pour faire abri au vent pour débarquer sans danger le pilote de mer, la vitesse de dérive augmentant sensiblement dans cette position vent de travers, jusqu'à ce que le navire soit évité au vent vers 14h55. Manifestement le navire n'a jamais fait tête sur 5 maillons et a dragué en permanence sur son ancre et dérivé au NE).
Débarquement du pilote de mer.
Le capitaine constate que le navire ne tient pas sur son ancre et demande au port l'autorisation de changer de mouillage. Il reçoit l'ordre de maintenir sa position et d'attendre le pilote.
Le contrôle du port autorise le navire à bouger. Le commandant utilise la machine en avant pour réduire l'effort sur la chaîne et commence à virer.
Le guindeau tribord tombe en avarie avec 2 maillons encore dehors.
On pense que l'ancre tribord a croché le pipeline.
Le pilote de mer embarque à nouveau.
Sur avis du pilote, il est décidé filer la chaine.
Sur avis du pilote, il est décidé d'utiliser la machine pour tenter de faire draguer l'ancre afin de la dégager.
Rupture du gazoduc sous-marin.
Navire dégagé et chaine dégagée du gazoduc brisé.
Les vannes d'arrêt d'urgence du pipeline sont actionnées.
Autorisation est donnée au navire par l'opérateur du pipeline d'utiliser le découpage oxyacétylénique à condition d'être en sécurité en fonction des mesures du détecteur de gaz.
La décision est prise de couper la chaine à l'écubier.
La chaîne tribord est coupée au ras de l'écubier, l'ancre et environ 2 maillons de chaîne sont abandonnés.
Le navire est mouillé dans la zone sud du mouillage extérieur avec 8 maillons à bâbord.
 

Parmi les résultats de l'enquête on trouve :

  1. La rupture est due à la tentative de draguer l'ancre au lieu de la filer.
  2. L'ancre avait été mouillée trop près du gazoduc, dans des conditions météo médiocres.
  3. Déficiences dans la gestion du risque par le port en ce qui concerne le gazoduc, les limites du mouillage et les mesures de contrôle de la navigation.
  4. Déficiences dans le système de gestion sécurité du navire en ce qui concerne le plan de traversée, l'autorité du capitaine, la familiarisation de l'équipage et la langue de travail.
  5. Déficiences dans les procédures de la société de pilotage pour le mouillage et l'usage de téléphone mobile.
  6. Avarie du guindeau à un moment critique, due à un effort excessif sur le système.

Consignes importantes aux navigateurs en cas de croche sur un pipeline sous-marin.

       L'avis australien aux navigateurs n°26 indique qu'en cas de croche d'un pipeline par un navire, l'ancre ou le matériel doit être filé et abandonné sans tenter de le dégager. Un effort excessif sur un pipeline peut provoquer sa rupture, et dans le cas d'un gazoduc, les conséquences de la libération soudaine de gaz sous forte pression, qui est comme une explosion, peut provoquer de graves dommages ou la perte du navire. Il y aurait en outre un danger d'incendie grave et immédiat.

       Le Mariner's Handbook indique que si l'on pense avoir croché un gazoduc avec ses engins ou les ancres, il ne faut pas raidir et mettre sous tension car on risque d'endommager le pipeline et le navire pourrait courir de grands risques par perte de flottabilité due à la présence de gaz dans l'eau ou incendie ou explosion. En raison des risques élevés et du fait que de nombreux pipelines ont été posés avant que l'on ait communément des récepteurs GPS, il faut être prudent et ne pas considérer leurs positions sur les cartes comme absolument précises. En fin de compte, la seule chose à faire si un navire a croché ou pense avoir croché son ancre dans un pipeline, est d'éviter de mettre la chaîne sous tension et de la filer dès que possible. Dans le cas présent si cela avait été fait, le gazoduc ne se serait probablement pas rompu.




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