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Abordage par temps clair !

 
Traduction libre par le Cdt J.P. DALBY du MAIB Safety Digest 5/20093



Les faits :

       Un porte-conteneurs feeder de taille moyenne faisait route à l'est à environ 16 nœuds lorsqu'il heurta un petit bateau de pêche faisant route au sud-sud-ouest. Les conditions étaient presque parfaites – c'était une belle journée bien ensoleillée avec une excellente visibilité et des vents faibles.

       Le capitaine du porte-conteneurs était assis à la passerelle assurant le quart seul lorsqu'il vit un petit écho sur son radar à environ 5 milles. Il se rappelle avoir regardé par les sabords pour observer à l'œil nu la cause de l'écho et d'avoir été ébloui par le reflet du soleil miroitant sur la mer, malgré les écrans pare-soleil en place. Il ne prit conscience d'avoir à manœuvrer qu'après la collision.

       Le pêcheur avait bien travaillé plus tôt dans la journée et ses deux membres d'équipage étaient sur le pont à ramander un chalut. Les deux autres filets étaient à l'eau et le bateau de pêche montrait ses marques de pêche, bien que d'une façon incorrecte. Un peu plus de 10 minutes avant la collision, le patron se rendit à la passerelle et vit l'écho d'un navire marchand à 3 à 4 milles. Il jugea la situation et pensant qu'il n'y avait pas de risque de collision retourna à l'arrière pour continuer à réparer le filet. Il ne continua pas à observer le navire approchant.

       Quelques secondes avant l'abordage, le matelot du chalutier leva les yeux et vit un mur d'eau qui s'approchait. Il était trop tard pour une action évasive et les navires entrèrent en collision. Le bateau de pêche subît des avaries sérieuses, le pont fut submergé quelques instants. L'un des marins eut une blessure légère; les deux pêcheurs eurent la chance de ne pas être balayés par dessus bord quand leur navire gita sur bâbord.

 


Heureusement l'eau s'évacua rapidement et le navire se redressa, sans entrée d'eau significative. Il était maintenant incapable de manœuvrer et le patron dut sortir la porte de la passerelle de ses gonds pour envoyer un "Mayday". Plusieurs navires dans les environs répondirent et il fut remorqué sans problème au port. Le porte-conteneurs n'eut, lui, que des dégâts légers.

Les leçons :

  1. Sans conteste, ce cas prouve que deux navires en rapprochement en route de collision, sans aucune veille de part et d'autre, conduit inévitablement à un abordage. La pratique du quart seul sur le navire marchand allié à une période sans aucune veille sur le bateau de pêche, signifient qu'aucun des deux navires n'effectuait de veille attentive, ni ne contrôlait l'approche de l'autre navire. C'est l'exemple parfait qui montre que cette veille est si importante.
  2. L'ajout d'un veilleur supplémentaire aiderait à éviter des situations où un officier de quart, seul, devient dans l'incapacité de faire la veille, ceci étant avantageux en tout temps, pas seulement de nuit ou par visibilité réduite. Bien que le patron du bateau de pêche savait que le navire approchait, il est possible : qu'il ait été distrait par son travail de ramendage; qu'il ait été fatigué après une période active de pêche; que les excellentes conditions météo lui aient donné une fausse impression de sécurité; ou tout simplement qu'il ait pensé qu'étant le navire privilégié, le navire de commerce changerait de route. Une chose est sûre dans ce cas : les marques de pêche ne créent pas un champ de force magique qui évitera que les autres navires vous abordent. Ne pas présumer qu'un navire en approche assure une veille attentive, ou peut être même vous a vu et s'écartera sûrement.
  3. Le porte-conteneurs était équipé de moyens modernes d'aides à la navigation, dont une alarme de quart et deux radars ARPA avec "zones de sécurité". Le radar du bateau de pêche bien que n'ayant pas les capacités ARPA, disposait aussi d'une fonction "zone de sécurité", et là aussi il y avait une alarme de quart disponible. Quoiqu'il en soit, aucune de ces sécurités n'a été utilisée le jour de l'abordage, peut-être en raison du faible trafic dans la zone et de l'excellente visibilité. De tels outils peuvent aider à prévenir les accidents, particulièrement si un officier de quart devient distrait ou incapable d'assurer la veille, mais ces outils ne sont utiles que s'ils sont utilisés…donc faites le !


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