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Le nombre de morts dans les espaces clos à bord des navires
augmente toujours



Traduction libre d'un article paru dans REPORT, publication de l’International Institute of Marine Surveying


      Les décès à bord d’un navire provoqués par l’entrée dans les espaces clos avec une atmosphère irrespirable ou toxique continuent à se produire avec "une régularité implacable," annonce le P&I NORTH of ENGLAND dans la dernière édition de sa newsletter le "Signal"
      "Peu d'aspects de la sécurité individuelle sur les navires ont suscité plus d'attention que l'importance de procédures correctes avant d'entrer dans un espace confiné" indique Tony Baker Responsable du secteur Prévention au P&I. "Malheureusement des morts et des séquelles graves continuent de se produire avec une régularité implacable. On aurait pu les empêcher si les procédures correctes existantes avaient été suivies".
      Le P&I North of England a, à plusieurs reprises y compris par une édition spéciale de SIGNAL, rappelé à ses membres les dangers, avec trois études de cas d'accidents et deux posters spécifiques.
      "Des efforts sérieux ont également été faits par beaucoup de secteurs différents de l'industrie Maritime pour rappeler ce danger," dit Baker. "En dépit de tous ces efforts, le nombre de morts continue à croître. Le plus décourageant, "dit Baker, "est que les accidents dans les espaces clos impliquent souvent des marins d'expérience fortement qualifiés aussi bien que des experts et des dockers. La plupart des personnes qui meurent dans les espaces clos ont reçu une formation et sont au courant des procédures à appliquer. Dans l’agitation du moment, ils choisissent de les négliger".
      Le club a réimprimé la résolution A.864 (20) de l’OMI de novembre 1997 "Recommandations pour l’entrée dans des espaces clos". Elle contient des conseils sur l'évaluation des risques, les tests d’atmosphères, les précautions à prendre lors de l'entrée et les risques concernant les types de cargaison y compris bien sûr les cargaisons "mangeuses" d’oxygène telles que le grain, le bois et le charbon.
      "Les conseils inclus dans la résolution de l’OMI ont un but très clair" dit Baker, "la protection du personnel par l'exécution sûre et appropriée des procédures d'entrée, à partir de l'identification correcte d'un espace confiné ou clos via les tests d'atmosphères, les procédures de sauvetage d’urgence et à une bonne appréciation des risques possibles".
      Les Administrations Maritimes exigent des procédures pour assurer l'entrée et ensuite le travail à l’intérieur en toute sécurité; les espaces dangereux doivent être clairement identifiés par l'exploitant du navire et le Capitaine devrait s’assurer que les procédures sont observées. Sauf lorsque c’est nécessaire pour y entrer, les portes d’entrée dans les espaces dangereux habituellement inhabités doivent être maintenues fermées ou sécurisées.
      Le code ISM ne contient pas de règles explicites concernant les espaces clos mais implique que de telles recommandations doivent être incluses dans un système de gestion de la sécurité correctement établi ( § 1.2.3.2 du code ISM note du traducteur)
      Le P&I North of England conclut que le seul moyen d’empêcher ces morts est l’application stricte des recommandations de la Résolution A 864 à chaque fois qu’une personne entre dans un espace clos pour quelque raison que ce soit. Ceci signifie qu’il faut correctement planifier et préparer l'entrée, ce qui comprend de s'assurer que l'équipement adéquat et le personnel sont disponibles.


COMMENTAIRES

      Cette résolution date de 97 et devrait être en application sur tous les navires du monde… On est loin de tout cela bien sûr. Certains Systèmes de Management de la Sécurité ont été certifiés avec des procédures élémentaires tout à fait insuffisantes. D’aucuns considéraient que la résolution était trop détaillée et que les check-lists étaient trop longues !
      Je souhaite que cet article leur fasse revenir sur leur jugement et qu’enfin les "certificateurs" exigent l’application stricte de la résolution A 864 …. Moins de morts, cela vaut le coup !
      Sinon, et cela aussi est un fait de notre temps, un tribunal sinistre quelque part dans le monde, se chargera de leur rappeler que la gestion de la sécurité est d’abord le respect des règles et règlements obligatoires mais aussi la prise en compte des recommandations pertinentes du secteur maritime.
      Ci-après, un exemple de Procédure Entrée dans un espace clos avec sa check-list (application littérale de la Résolution A 864)

Cdt B. APPERRY





PROCEDURE D'ENTREE DANS UN ESPACE CLOS


  1. Objet :

  2.       Cette procédure définit les modalités des mesures de sécurité à prendre AVANT toute entrée dans un espace clos à bord de nos navires.
          Cette situation peut intervenir en cas d’avarie, de visite à flot ou d’arrêt technique.
          La présente procédure est celle recommandée par l’OMI ; elle est obligatoire lors des travaux ou arrêts techniques y compris pour les intervenants extérieurs.
          Cette procédure peut sembler lourde dans le cas de simples visites de contrôle; cependant elle est la seule mesure de réduction de risque valable et capable d’éviter le renouvellement d’accidents qui ont été par le passé beaucoup trop nombreux dans l’industrie maritime (équipage et réparation navale).

REMARQUE IMPORTANTE :

Même s’il est très rare qu’un équipage de nos navires intervienne directement dans les espaces clos définis ci-dessous, il importe néanmoins que cette procédure soit connue de tous : équipage / service technique et intervenants extérieurs pour des travaux soit en arrêt technique périodique soit après une avarie.
  1. Définitions :

  2. Les espaces clos concernés sont ceux présentant une des caractéristiques suivantes :
    • Ouvertures limitées d'accès ou d'échappée
    • Ventilation inadéquate
    • Espace non occupé en permanence
    Il s'agit donc :
    • Des citernes et soutes à combustible
    • Des différents ballasts, peaks etc...
    • Des cofferdams
    • Des cales et espaces vides
    • Des caisses à eaux usées ou autres puisards etc…

  3. But :

  4. Permettre au personnel d'avoir une procédure clairement définie pour prévenir tout incident lors d'une entrée dans un espace clos pour visite, intervention et travaux à chaud ou à froid.

  5. Documents de référence :
    • Code ISM
    • Résolution A 864 (20) de l'OMI : texte et check-list officiels
    • Supplément code IMDG (consignes d'urgence & fiches de sécurité).

  6. Domaine d'application :

  7. Mesures de sécurité applicables par tout le personnel et / ou intervenants extérieurs.

  8. Inventaire des risques :

  9. Dans les capacités d’un navire les risques d’accidents sont de trois ordres :
    • Irrespirabilité (insuffisance d'oxygène)
    • Toxicité (due au gaz lui-même ou à sa densité)
    • Flammabilité

  10. Evaluation des risques :
    • De manière à garantir la sécurité, le Capitaine devra toujours procéder à une évaluation préliminaire des risques potentiels que présente l'espace dans lequel on va entrer, de la ventilation et du revêtement de l'espace et d'autres facteurs pertinents. L'évaluation préliminaire devrait permettre de déterminer la présence possible d'une atmosphère pauvre en oxygène, inflammable ou toxique.
    • Les procédures à suivre pour vérifier l'atmosphère dans l'espace et y entrer seront déterminées sur la base de l'évaluation préliminaire et dépendront des résultats de cette évaluation, à savoir :
      • Il y a un risque minime pour la santé ou la vie du personnel entrant dans l'espace ;
      • Il n'y a aucun risque immédiat pour la santé ou la vie, mais un risque pourrait se présenter lors de l'exécution des travaux dans l'espace ;
      • Un risque pour la santé ou la vie est identifié.
    • Lorsque l'évaluation préliminaire montre qu'il y a un risque minime pour la santé ou la vie, ou qu'un risque pourrait se présenter pendant l'exécution des travaux dans l'espace, les précautions décrites dans les sections 8,9,10 et 11 seront prises selon qu'il convient.
    • Lorsque l'évaluation préliminaire identifie un risque pour la vie ou la santé, les précautions supplémentaires spécifiées dans la section 12 devraient aussi être prises.

  11. Autorisation d'accès :

    • Personne ne doit ouvrir un espace clos ou y entrer sans autorisation du capitaine ou d'une personne responsable désignée et sans que les procédures de sécurité appropriées, applicables au navire particulier, aient été suivies.
    • L'entrée dans un espace clos sera planifiée et la check-list "PERMIS d'ENTRER dans un ESPACE CLOS" sera obligatoirement utilisée et remplie.

    • NB. Cette check-list est celle proposée par l'OMI.

  12. Précautions Générales :
    • Le capitaine ou la personne responsable devra décider si l'accès à un espace clos est sans danger en s'assurant que :
      • Les risques éventuels ont été identifiés lors de l'évaluation et ont été isolés dans la mesure du possible ou ne présentent aucun danger ;
      • L'espace a été soigneusement ventilé par des moyens naturels ou mécaniques pour éliminer les gas toxiques ou inflammables et pour garantir une teneur suffisante en oxygène dans tout l' espace;
      • Des essais ont été effectués de manière appropriée à l'aide d'instruments convenablement étalonnés pour vérifier que l'atmosphère de l'espace a une teneur en oxygène acceptable et des concentrations acceptables de vapeurs inflammables ou toxiques ;
      • La sécurité de l'accès à l'espace est garantie et l'espace est convenablement éclairé ;
      • Un système approprié de communication a été convenu entre toutes les parties et essayé
      • Une personne a été postée et chargée de rester à l'entrée de l'espace pendant qu'il est occupé ;
      • Du matériel de sauvetage et de réanimation prêt à être immédiatement utilisé a été prévu à l'entrée de l'espace et les secours ont été planifiés ;
      • Le personnel est vêtu et équipé correctement pour entrer dans l'espace et y effectuer des tâches ;
      • Une autorisation d'accès a été délivrée.
      Les précautions énoncées aux alinéas 6 et 7 peuvent ne pas s'appliquer à toutes les situations décrites dans la présente section. La personne autorisant l'accès devrait déterminer s'il est nécessaire de poster une personne et de prévoir du matériel de secours à l'entrée de l'espace.
    • Seul le personnel qualifié pourra entrer dans un espace clos ou en surveiller l'accès ou faire partie d'une équipe de secours. Les équipages du navire devraient effectuer régulièrement des exercices de sauvetage et de premiers secours.
    • L'ensemble du matériel utilisé pour accéder à un espace clos devra être en bon état de fonctionnement et inspecté avant l'emploi.

  13. Vérification de l'atmosphère

    • L'atmosphère d'un espace devra être vérifiée à l'aide d'instruments convenablement étalonnés par des personnes formées à l'utilisation du matériel. Les instructions des fabricants seront rigoureusement suivies.
      Dans le cadre de ces vérifications critiques, la Compagnie fera appel à un expert spécialisé agréé.
      La vérification sera effectuée avant qu'une personne entre dans l'espace, puis à des intervalles réguliers jusqu'à ce que les travaux soient achevés. Le cas échéant, les essais devraient être effectués à autant de niveaux différents qu'il est nécessaire, pour obtenir un échantillonnage représentatif de l'atmosphère dans l'espace.
    • Avant d'entrer dans l'espace, des relevés constants devraient être obtenus comme suit :
      • 21% d'oxygène en volume à l'aide d'un appareil de mesure de la teneur en oxygène ;
      • Limite inférieure d'inflammabilité (LFL) ne dépassant pas 1% à l'aide d'un indicateur de gaz combustible suffisamment sensible, lorsque, d'après l'évaluation préliminaire, des gaz ou vapeurs inflammables pourraient être présents.
      Si ces conditions ne peuvent être remplies, il convient de procéder à une ventilation supplémentaire de l'espace et de vérifier à nouveau l'atmosphère après un intervalle approprié. La présence éventuelle de gaz devrait être vérifiée avec la ventilation stoppée de manière à obtenir des relevés exacts.
    • Lorsque, d'après l'évaluation préliminaire, des gaz ou vapeurs toxiques pourraient être présents, des essais appropriés devraient être effectués à l'aide de matériel fixe ou portatif de détection des gaz ou des vapeurs. Les relevés obtenus à l'aide de ce matériel devraient être inférieurs aux limites d'exposition professionnelle aux gaz ou vapeurs toxiques, fixées dans les normes nationales ou internationales agrées. Il convient de noter que les essais d'inflammabilité n'offrent pas un moyen approprié de mesurer la toxicité, ni inversement.
    • Il convient de souligner qu'il peut exister des poches de gaz ou des zones pauvres en oxygène auxquelles on devrait toujours s'attendre même lorsqu'il a été vérifié de manière satisfaisante que l'on pouvait entrer dans un espace clos.

  14. Précautions à prendre lors de l'entrée

    • L'atmosphère devrait être vérifiée fréquemment pendant que l'espace est occupé et les personnes devraient avoir l'ordre de quitter cet espace en cas de détérioration des conditions.
    • La ventilation devrait être assurée pendant que l'espace est occupé et pendant les interruptions temporaires de travail. Avant de retourner dans l'espace après une interruption, l'atmosphère devrait être à nouveau vérifiée. En cas de panne du système de ventilation, les personnes se trouvant dans l'espace devraient sortir immédiatement.
    • En cas d'urgence, le membre de l'équipage surveillant l'espace ne devrait en aucune circonstance y entrer avant qu'une assistance soit obtenue et que la situation ait été évaluée pour garantir la sécurité des personnes accédant à l'espace pour procéder aux opérations de sauvetage.


  15. Précautions supplémentaires à prendre avant d'entrer dans un espace dont on sait ou soupçonne que l'atmosphère est dangereuse.

    • Si l'on soupçonne ou si l'on sait que l'atmosphère dans un espace clos est dangereuse, il faudrait entrer dans cet espace seulement s'il n'existe aucune autre solution possible. L'entrée dans l'espace devrait avoir pour seul but de nouveaux essais, des opérations essentielles, la sauvegarde de la vie humaine ou la sécurité du navire. Le nombre de personnes entrant dans l'espace devrait constituer le strict minimum nécessaire pour les tâches à exécuter.
    • Un appareil respiratoire approprié, du type à tuyau d'air ou autonome, devrait toujours être porté et seul le personnel ayant été formé à son utilisation devrait être autorisé à entrer dans l'espace. Les masques qui filtrent l'air ne devraient pas être utilisés étant donné qu'ils ne fournissent pas de l'air propre provenant d'une source extérieure, indépendante de l'atmosphère.
    • Les précautions générales spécifiées dans la section 9 devraient aussi être suivies, s'il y a lieu.
    • Il convient de porter un harnais de sécurité et d'utiliser, sauf si cela n'est pas pratique, une filière de sécurité.
    • Il convient de porter des vêtements protecteurs appropriés, notamment lorsque des substances ou des produits chimiques toxiques risquent d'entrer en contact avec la peau ou les yeux des personnes entrant dans l'espace.
    • Les conseils donnés au paragraphe 11.3 concernant les opérations de sauvetage d'urgence sont particulièrement pertinents dans le présent contexte.
      
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