Il est 10h00 LT en ce mois de décembre 2010. Le navire MV EASY WAY se rend à Dar Es Salaam en Tanzanie, après une escale à Mombasa au Kenya.
Alors que le navire fait route vers les côtes tanzaniennes, l'officier de quart à la passerelle repère un skiff faisant résolument cap vers le navire à une vitesse de 23 nœuds. Ce skiff semble être parti d'un cargo présent à faible distance. Et ce cargo répond en tous points au signalement d'un navire récemment pris par les pirates et signalé par les autorités militaires comme faisant office de navire-mère pour les pirates. Il est établi que les pirates somaliens utilisent désormais de manière récurrente certains des navires qu'ils ont pris pour augmenter tant leur rayon d'action que leur autonomie, ainsi que pour tromper des équipages, a priori peu méfiants à l'approche d'un navire marchand ou d'un navire de pêche.
L'observation de la route du skiff et du cargo signalé déjà utilisé comme navire-mère, laisse peu de doutes.
Il s'agit clairement d'un skiff de pirates somaliens et non d'inoffensifs pêcheurs.
Le personnel à la passerelle est alors en alerte et prévenu immédiatement, le Commandant met en œuvre les procédures sûreté du navire, en particulier :
- augmentation de la vitesse du navire,
- alarme générale à bord,
- déclenchement du système d'alerte de sûreté du navire,
- contacts immédiats avec les numéros d'urgence de la compagnie et des autorités militaires sur zone
- Un certain nombre d'autres mesures sont également mises en œuvre, mais non détaillées ici pour des raisons de confidentialité.
L'approche du skiff justifie la décision du commandant. Il s'agit bien de pirates, déterminés à prendre possession du MV DOOM.
Tandis donc que certains de ses comparses tirent sur le navire, le barreur approche le skiff au plus prés du MV DOOM, afin que les pirates puissent y fixer l'échelle en aluminium qu'ils transportent à bord de leur embarcation, ce qui leur permettra ensuite de monter à l'abordage du navire.
Pour mener à bien leur attaque, intimider l'équipage et forcer le navire à ralentir, les pirates n'hésitent pas à tirer au RPG et à la Kalachnikov AK47. Quelques projectiles touchent les sabords de la passerelle.
Mais le MV EASY WAY a réussi à prendre suffisamment de vitesse, et les manœuvres évasives mises en oeuvre par le Commandant, couplées à plusieurs dispositifs de protection passive mis en place à bord (barbelés, entre autres choses), rendent la tâche des pirates malaisée.
Après une heure de poursuite acharnée, et face au sang-froid du Commandant et de son équipage, les pirates se résignent finalement à abandonner leur attaque et rejoignent leur navire-mère.
Si ces pirates ont réussi à s'échapper, allant rechercher un peu plus loin une proie moins coriace, tous n'ont pas forcément cette chance, les militaires réussissant régulièrement de belles arrestations, même si celles-ci peuvent sembler réduites au vu du nombre de pirates opérant actuellement dans le Golfe d'Aden et le bassin somalien.
Simon Delfau
décembre 2010
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