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13e Assises de l'économie de la mer au Havre



Le Havre a accueilli les mardi 21 et mercredi 22 novembre les 1 900 participants aux Assises de l'économie de la mer. Ouvertes par le Premier ministre Edouard Philippe, maire du Havre jusqu'en mai dernier, les Assises ont été clôturées par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. De très nombreuses personnalités, tant politiques comme Hervé Morin, président de la région Normandie, Pascal Martin, président du Conseil départemental de Seine-Maritime, Vincent Bouvier, Secrétaire général de la mer, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, que maritimes, comme Philippe Louis-Dreyfus, président de Louis-Dreyfus Armateurs, Rodolphe Saadé, directeur général de CMA CGM, l'Amiral Christophe Prazuck, chef d'état-major de la Marine, Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster Maritime Français, se sont exprimées sur toute l'actualité maritime en France et dans le monde. Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, était venue assister au discours du Premier ministre.

C'était, bien entendu, au maire du Havre, Luc Lemonnier, que revenait d'accueillir les très nombreux intervenants et participants. «Il y a cinq cents ans le Havre était un port avant d'être une ville, et l'école d'Hydrographie était la plus ancienne école supérieure après le collège de France» a-t-il déclaré entre autres.

Le Comité France Maritime, une «force de propositions»


M.Vincent Bouvier
Secrétaire général
de la mer
 
M. Frédéric Moncany
de Saint-Aignan
 
Frédéric Moncany de Saint-Aignan,s'adressant au Premier ministre, a évoqué le projet de la tenue des Assises au Havre formulé il y a deux ans par Edouard Philippe, alors maire du Havre :« personne à cette époque n'aurait pu imaginer les circonstances qui nous réunissent aujourd'hui », a-t-il ajouté.
Il a rappelé la création aux Assises de la Rochelle du Comité France Maritime, atout capital pour répondre à l'enjeu de faire de la France une grande puissance maritime. Ce Comité doit initier avec les régions un partenariat public-privé pour développer l'économie bleue.
Plus tard, dans l'après-midi, le président du Cluster maritime allait participer à une interview en duo avec le Secrétaire général de la mer, première illustration d'un partenariat public-privé. «La mission du Comité France Maritime est de lever les blocages. C'est une courroie de transmission, il doit porter des projets», a expliqué Vincent Bouvier.
La formation est un des axes prioritaires du Comité France Maritime : faire connaître l'attractivité du maritime, comment amener les jeunes au maritime. Ainsi, en matière de formation, Frédéric Moncany a souligné que la semaine de l'emploi maritime, initiée en Bretagne en 2016, va s'étendre au plan national et outre-mer, sur le modèle « bottom up, bottom down (de bas en haut et de haut en bas).
Le président du CMF a rappelé l'action du Cluster maritime qui compte actuellement 430 membres. A ceux-ci la mission d'en amplifier l'action, de promouvoir les dossiers de l'économie maritime. Il a annoncé la création du Cluster de Saint-Pierre-et-Miquelon qui s'ajoute aux six autres de l'Outre-mer.
L'année 2017 aura été très active pour le Cluster maritime sur le plan international. Le transport maritime français compte des champions mondiaux comme CMA CGM, Bourbon ou le groupe Louis-Dreyfus Armateurs et contribue largement à la balance commerciale du pays. Il faut savoir qu'il dégage un excédent de plus de 4 milliards d'euros par an, là où le transport routier affiche un déficit annuel de 12 milliards d'euros et le transport ferroviaire de 700 millions d'euros.
Pour soutenir ce développement, le Cluster maritime a contribué à la création de comités à Singapour et à Hong Kong, et bientôt à Shanghai, afin de renforcer la visibilité maritime française dans l'Asie de l'Est et du Nord.
L'engagement du Cluster maritime et de ses partenaires poursuit un objectif ambitieux : doubler le poids de la filière maritime française à l'échelle mondiale d'ici 2030.

Le discours rassurant du Premier ministre

 
Le discours d'Edouard Philippe, Premier ministre, était très attendu, d'autant plus qu'il avait présidé la réunion du CIMer le vendredi 1er novembre à la préfecture maritime de Brest, annonçant de nombreuses décisions mais sans en dévoiler le fond.
Nonobstant le côté rassurant de son discours, le Premier ministre a été avare d'annonces concrètes. A l'instar des discours prononcés par les différents ministres ou même le Président de la République lors des précédentes Assises de la mer, beaucoup de paroles, des intentions et des orientations certes, mais pas d'actes. Pas pour le moment, car si la volonté du Premier ministre est de redonner à la France sa vocation maritime, cette volonté est suspendue aux conclusions de rapports, d'études et de réflexions confiés à de hauts fonctionnaires.
Arguant qu'il y a eu beaucoup d'hésitations, de changements de cap et un certain décalage entre les intentions et les actes, il s'est voulu néanmoins optimiste : «Nous avons cinq ans devant nous, et en cinq ans, on peut rattraper beaucoup de retard, et pourquoi pas prendre de l'avance».

Pour redynamiser la compétitivité maritime de la France le Premier ministre a évoqué trois défis, à savoir la stratégie portuaire, le changement climatique et les métiers de la mer. Son discours s'est terminé par un appel aux jeunes, les exhortant à «prendre la mer».
La stratégie portuaire comprend trois axes: la complémentarité, la compétitivité et l'amélioration de la fluidité du passage portuaire. Sans vouloir entrer dans les détails de cette brillante démonstration, retenons les principales idées développées par le Premier ministre.

S'agissant de la complémentarité, tous les ports n'ont pas la même vocation. Trois systèmes portuaires ont un intérêt européen et international et doivent demeurer dans le giron de l'Etat : les ports de l'axe Seine, Le Havre, Rouen et Paris, le grand port de Marseille à vocation méditerranéenne, et le grand port de Dunkerque, grand port français de l'activité transmanche et de la mer du Nord.
Concernant l'axe Seine, le premier ministre ne voit qu'un seul port, qui commence à la digue Sud du port du Havre, et qui continue jusqu'au Pont-Neuf à Paris. Sans vouloir remettre en cause le succès d'HAROPA, il préconise un pilotage plus unifié qui inclut au même niveau les trois ports du Havre, de Rouen et de Paris.
L'idée du développement de l'axe Seine n'est pas nouvelle. Déjà Nicolas Sarkozy avait, dans son discours au Havre du 16 juillet 2009, émis la volonté de faire du Grand Paris une véritable métropole maritime. Plus récemment, Jacques Attali, dans son dernier ouvrage remarquablement documenté « Histoires de la mer », insiste sur l'axe Seine, qui est absolument fondamental et très négligé.
Quant aux autres ports de la métropole, ils sont renvoyés vers la Région, au motif qu'ils ne se situent pas sur les grands axes des trafics mondiaux. Une mission de concertation doit être lancée très vite dans le but de clarifier leur façon d'être gérés dans la confiance et le respect de leurs particularités.

Le deuxième axe est celui de la compétitivité des places portuaires et la nécessité d'attirer des investisseurs. Cela suppose pour le Premier ministre de donner plus de visibilité sur les charges, notamment fiscales, des ports, et de simplifier les démarches, en revoyant les règles de la domanialité publique pour sécuriser les investisseurs et optimiser l'utilisation du domaine portuaire. Ces revendications ne sont pas nouvelles, elles ont été maintes fois évoquées par la Cour des comptes, les directeurs des ports, les chambres de commerce… L'amélioration de la fluidité du passage portuaire, troisième et dernier axe, et surtout un dossier très sensible et très attendu par les milieux portuaires. Rappelons que le « pré et post acheminement » des marchandises et des conteneurs en particulier est devenu un élément capital pour la compétitivité de nos ports. Au Havre, 85% des conteneurs sont acheminés par la route, 10% par le fleuve et 5% par le fer. Un terminal multimodal destiné au transbordement des conteneurs sur barge ou sur train a bien été créé lors de la mise en route de Port 2000. Bien qu'il ait coûté 160 millions d'euros, le résultat est décevant : seuls 80 000 conteneurs peuvent être acheminés par le fleuve ou le rail. De même, la construction d'une écluse permettant l'accès fluvial à Port 2000 avait bien été envisagée dès 2006. Son coût, évalué à 200 millions d'euros, avait paru exorbitant, d'autant plus que ce projet avait été conçu sans étude de rentabilité. Il est maintenant question d'une chatière, une digue trapézoïdale de 2 km de long s'étendant devant Port 2000 : coût 100 millions d'euros.

 
Pour le Premier ministre, «l'Etat doit soutenir partout le transport combiné, ferroviaire et fluvial». Au Havre, une concertation publique est en cours au sujet soit de l'extension du terminal multimodal, soit de la réalisation de la chatière ou de l'optimisation de l'organisation actuelle. Le Premier ministre a rappelé que «l'Etat prendra ses responsabilités et s'engagera financièrement». Quant au rail, il annonce que l'Etat investit dans la modernisation de la ligne ferroviaire Serqueux-Gisors pour une amélioration de la desserte dès 2020.
Notons que dans la lignée de ce discours, des parlementaires ont récemment souligné, dans la présentation de leur rapport sur l'évaluation de la loi sur l'économie bleue, «qu'on ne peut plus faire l'économie sur le développement des réseaux de transport multimodaux».
Dossier sensible aussi, celui du Canal Seine-Nord. Le Premier ministre a été très prudent en déclarant que «les collectivités du Nord avaient choisi le fleuve, avec le canal Seine-Nord», et que «l'important était d'en faire un succès pour nos ports».
La construction du Canal Seine-Nord a été longtemps décriée par les ports du Havre et de Rouen, et bien entendu par Edouard Philippe, alors maire du Havre.
Nous avons pris du retard par rapport aux ports d'Europe du Nord. Le port de Rotterdam a un trafic supérieur à celui de tous les ports français et Anvers a aujourd'hui un trafic quatre fois supérieur à celui du Havre, alors qu'il y a trente ans il était deux fois supérieur à celui-ci. Rien n'a été fait pour empêcher que les conteneurs destinés à la France soient débarqués à Anvers ou Rotterdam, alors que Le Havre, premier port du Range Nord, devrait être la première et la dernière escale des grands porte-conteneurs en provenance ou à destination d'Extrême-Orient.

Deuxième défi, le défi écologique.

 

Le transport maritime est à l'aube d'une transition concernant en particulier la propulsion au GNL. Britanny Ferries et CMA CGM montrent la voie, le premier en équipant son dernier ferry d'une propulsion au GNL, et le second en commandant 9 porte-conteneurs qui seront propulsés au GNL.

Plusieurs annonces à ce sujet: «l'Etat devra adapter la règlementation relative à ce carburant pour faciliter l'approvisionnement des navires dans le port et étudiera la révision des modalités d'amortissement concernant l'achat de nouveaux navires ou de modes de propulsion».
D'autres souhaits concernant les travaux de l'OMI: «demander le classement de la Méditerranée en zone à basse émission de polluants, et défendre l'adoption de plafonds d'émissions de gaz à effet de serre».
Autre sujet où la France a beaucoup de retard : les éoliennes en mer, alors qu'elle aurait pu être leader dans ce domaine. Le Premier ministre ne prévoit que de lancer des études préalables en vue de l'engagement des futurs appels d'offres sur l'éolien flottant en Bretagne et en Méditerranée, et des études environnementales sur le projet de parc éolien de l'île d'Oléron. D'autres pistes ont été évoquées comme la simplification radicale des procédures d'instruction ou l'anticipation des conflits d'usage.

Troisième défi, développer les métiers que nous offre la mer,

La pêche va mieux aujourd'hui, mais il faut la défendre dans le cadre de la négociation sur le Brexit, la préserver en luttant contre la pêche illégale, l'aider à se structurer en filière de qualité en anticipant la hausse du prix du gas-oil, le renouvellement de la flotte et la gestion des risques.
«Nous avons besoin d'une flotte marchande qui batte notre pavillon» a déclaré le Premier ministre; vœu pieux auquel on ne peut que souscrire, sachant que notre flotte marchande de transport ne compte plus que 166 navires sous pavillon français. Espérons que le souhait qu'il a exprimé, à savoir maintenir les exonérations de charges pour les armateurs, portera ses fruits.
Le développement d'une flotte stratégique, que nous devons à l'obstination du député Arnaud Leroy, qui a porté la loi sur l'économie bleue, devrait permettre le maintien d'une flotte sous pavillon national armée par des marins français.
Philippe Louis-Dreyfus a d'ailleurs rappelé «la nécessité d'une flotte stratégique pour ses navires, mais surtout pour le maintien des savoir-faire maritimes».
La filière du nautisme comprend des milliers de PME et ETI, dont il faudrait évaluer le poids économique. Il faudrait aussi consolider la compétitivité de l'offre française, que le gouvernement soutient en adaptant le régime de protection sociale des marins résidant en France.
Cette filière, dit le Premier ministre, «c'est l'économie maritime de demain».

L'appel aux jeunes de France,

qui terminait le discours du Premier ministre aurait dû être relayé par la presse, peu coutumière d'exalter la vocation maritime de la France.
Relever tous ces défis, c'est aussi l'affaire des jeunes, a-t-il déclaré en s'adressant un peu plus tard aux officiers polyvalents récemment diplômés de l'ENSM.

 
Cet appel tient en quelques mots: «Prenez le large, embarquez-vous, prenez la mer». Mais avant de prendre la mer, «Prenez le chemin de l'école, celui de l'Ecole Nationale Supérieure Maritime. Celui de l'apprentissage sur un chalutier. Prenez le chemin de la formation professionnelle, des lycées maritimes, des universités et des laboratoires de recherche».
A propos de l'ENSM, sujet d'actualité et d'inquiétude pour l'avenir de notre marine marchande, le Premier ministre veut lui donner un nouvel élan à l'occasion de son nouveau contrat d'objectifs. Il ne veut pas d'une guerre des sites et prône un rapprochement des services sur les sites existants, de même qu'une synergie avec l'Ecole navale, l'ENSAM et les lycées maritimes. Et pourquoi pas la création d'une véritable « Académie maritime » en France.
Favorable à la réforme du statut de l'ENSM pour qu'elle entre dans le domaine de droit commun des écoles de l'enseignement supérieur, tout en gardant son esprit maritime (la finalité de cette école n'est-elle pas de former en priorité des capitaines !), il souhaite que l'on revoie rapidement sa gouvernance et ses ambitions pour devenir le fer de lance de la formation maritime au niveau européen.


Le Premier ministre conclut son discours par un encouragement en faveur des carrières maritimes, en déclarant que «nous aurons réussi quand dans tous les lycées de France, y compris ceux qui se trouvent dans les terres, les métiers de la mer apparaîtront comme un avenir tout à fait naturel et accessible».

Les défis de Nicolas Hulot

Le ministre de la Transition écologique et solidaire a conclu les débats en lançant quatre défis portant sur l'adaptation au changement climatique, la transition énergétique par les énergies marines renouvelables, la transition écologique de l'économie maritime et l'adaptation des ports de commerce pour améliorer leur compétitivité.
C'est la première fois qu'il s'exprimait sur des sujets visant à garantir le développement équilibré de la mer.

L'adaptation au changement climatique passe par la lutte contre les pollutions engendrées par les innombrables déchets plastiques qui encombrent les océans et les produits chimiques qui détruisent tout l'écosystème marin. La protection des milieux fragiles tels que coraux et mangroves est vitale pour les océans. Un objectif, la protection de 55 000 hectares de mangroves d'ici 2020, et de 75% des récifs coralliens d'ici 2021.

Concernant les énergies marines renouvelables (EMR), Nicolas Hulot juge que «la France a pris beaucoup de retard qu'il faut rattraper. Elles contribueront à atteindre 40 % d'énergie renouvelable dans la consommation d'électricité en 2030».
Les durées actuelles nécessaires pour mettre en service un champ d'éoliennes sont trop longues : 10 à 15 ans entre l'initiation d'un projet et sa mise en production. «Il faut simplifier les procédures et créer un permis enveloppe», c'est-à-dire faire les études d'impact et les enquêtes publiques en amont des appels d'offres pour arriver à une mise en service en moins de 7 ans. Il faut mieux encadrer et canaliser les recours ». RTE assurera les raccordements terrestres (autres sources actuelles de retard).
Il faut aussi développer l'hydrolien et l'énergie thermique des mers.

Autre défi : réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du transport maritime en diminuant les émissions d'oxydes de soufre et d'azote produits par les navires. Rappelons que la réduction de la pollution atmosphérique produite par le transport maritime est une des grandes préoccupations de l'OMI qui a mis en œuvre, à partir du 1er janvier 2020, un plafond mondial de 0,50 % pour la teneur en soufre du fuel-oil utilisé par les navires.
Il souhaite aussi, comme l'a déclaré le Premier ministre, porter au niveau international la création d'une zone à basse émission de particules fines en Méditerranée. Rappelons aussi que l'OMI a mis en place en 2015 de nouvelles zones d'émissions spéciales couvrant la Manche-mer du Nord-Baltique visant à réduire à 0,1 % les émissions de soufre par les navires.
Dans le même ordre d'idées, il souhaite aussi accélérer la propulsion au GNL, et soutient la Brittany Ferries et CMA CGM qui se sont engagées dans cette voie.

Dernier défi, l'amélioration de la compétitivité des ports de commerce, en développant les transports terrestres que sont le fer et l'eau. Le Premier ministre s'est déjà exprimé à ce sujet, et la ministre des Transports, Elisabeth Borne, mettra en service cette politique.

Pour autant, relever ces quatre défis demande de disposer de leviers sur lesquels s'appuyer, comme le Conseil national de la mer et des littoraux qui sera convoqué au 1er trimestre 2018 ou la mise en œuvre de la stratégie de la façade maritime. Celle-ci sera prête au 2e semestre 2018, le cahier des charges va être accéléré pour une adoption finale au printemps 2019 avec une concertation préalable du public.
Il faut aussi moderniser l'administration maritime, repositionner les objectifs, l'objectif zéro papier entre autre.

Pour terminer son discours, Nicolas Hulot fait une allusion à l'ENSM, en se félicitant de sa présence locale à Nantes et à Saint-Malo. Autrement dit, ces écoles seront maintenues.

Les professionnels du monde maritime ont aussi pris la parole.

Rodolphe Saadé, président directeur général de CMA CGM, a présenté les innovations de son armement et a expliqué le choix du GNL pour ses futurs neuf porte-conteneurs de 22 000 EVP, décision assumée entièrement par la compagnie.
Des discussions sont actuellement en cours avec des fournisseurs de soutes, comme Total avec lequel il est question d'un contrat de 300 000 tonnes de GNL par an sur dix ans.
 
Interrogé sur le navire autonome, il a répondu : «concernant les navires de la taille de ceux que nous exploitons ou allons prendre en flotte, je n'y crois pas. Moi je crois à l'humain et à la formation des équipages. C'est d'ailleurs cette démarche que nous allons entreprendre avec l'arrivée de nos futurs navires équipés d'une propulsion au GNL». Il a ajouté «qu'on ne peut pas confier à un ordinateur un navire très complexe de 400 mètres de long et d'un coût de 155 millions de dollars».
Concernant le fleet center dont l'armement dispose comme de nombreux armements, dans lequel les navires de la flotte sont suivis en permanence, il a précisé : «c'est un très bon outil pour aider nos commandants par rapport à des choix de route en fonction des conditions météo. Mais au final, c'est toujours le commandant qui reste maître à bord».
Il a annoncé la livraison prochaine d'un PC de 20 000 EVP construit en Corée, l'Antoine de Saint-Exupéry, qui battra pavillon français. Il sera suivi de trois autres, sous pavillon français.

La table ronde consacrée au Brexit réunissait entre autres Jean-Marc Roué, président de Brittany Ferries, et Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes, tous deux inquiets de la sortie programmée de la Grande-Bretagne de l'Union européenne.
 
Le 29 mars 2019 à 23 heures, le Royaume-Uni ne fera plus partie de l'Union européenne. Il faut un accord pour les conditions de sortie, sachant que le Brexit implique la renégociation de 755 traités, ce qui semble irréalisable. Plusieurs points achoppent :
  • «L'exit bill» (chèque de sortie), évalué entre 40 et 60 milliards d'euros,
  • Le statut des Européens vivant en Grande-Bretagne, et celui des Britanniques vivant en Europe,
  • La question de la frontière à l'intérieur de l'intérieur de l'Irlande.
Jean-Marc Roué est convaincu d'être confronté à un Brexit dur qui aura un impact sur les ports du transmanche, mais aussi sur la pêche. «Le marché du fret reste actuellement stable, mais aujourd'hui, nous sommes dans l'incertitude de ce qui va se passer. Nous ne savons pas quelles seront les conditions de passage du fret aux frontières».
Dans l'optique de sa sortie de l'Union européenne, la Grande-Bretagne, pays peu conteneurisé, souhaite investir dans ses ports de façon à recevoir les nouveaux PC de 22 000 EVP, et développer des zones franches portuaires pour attirer les investisseurs, ce qui peut s'avérer très fâcheux pour les ports français.
De son côté, Gérard Romiti affirme que le Brexit est une menace pour la pêche, d'autant plus que la Grande-Bretagne a déjà durci ses contrôles en mer. C'est une catastrophe sociale et économique pour les pêcheurs français qui risquent de voir leur zone de pêche réduite.

Nos hommes politiques, pour parler de la mer, ont coutume d'évoquer l'histoire, comme le Premier ministre en nous faisant découvrir les Vénètes, une petite peuplade de marins bretons irréductibles que César eut beaucoup de mal à vaincre, ou d'émailler leurs discours de belles citations empruntées à de célèbres poètes. Ainsi Nicolas Sarkozy et Nicolas Hulot citant chacun Baudelaire: «Homme libre, toujours tu chériras la mer».
Ils pourraient méditer ce qu'a écrit Chateaubriand dans ses "Mémoires d'Outre-Tombe" à propos du marin :
«Il y a dans la vie périlleuse du marin une indépendance qui tient de l'absence de terre ; on laisse sur le rivage les passions des hommes, on n'a pour amour et pour patrie que l'élément sur lequel on est porté… La langue des matelots n'est pas la langue ordinaire : c'est une langue telle que la parlent l'océan et le ciel, le calme et la tempête».
René TYL
membre de l'AFCAN


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