Retour au menu
Retour au menu
Une manœuvre inhabituelle avec une issue inattendue.

 
Traduction libre par le Cdt J.P. DALBY du MAIB Safety Digest 3/2009



Les faits :

       Un navire gazier de 100m de long, à pleine charge de butane, allait appareiller d'un poste en rivière où il était amarré bâbord à quai cap amont. Un remorqueur était commandé pour aider à l'appareillage car il y avait un courant fort et le navire n'avait pas de propulseur d'étrave.

       Avant de monter à bord, le pilote rencontra l'officier de port sur le quai. Celui-ci était inquiet du fait que le navire était dépourvu de propulseur d'étrave et il attira l'attention du pilote sur le diamant de l'ancre qui était proéminent et risquait d'endommager les défenses du quai si la manœuvre d'appareillage était faite comme d'habitude en faisant avant sur la garde.

       Le remorqueur fut pris sur les bittes à l'arrière du pont principal juste sur l'avant du château. Une fois l'amarrage dédoublé, le VTS lui donna l'autorisation d'appareiller. Toutes les aussières furent larguées, et utilisant la machine en arrière avec le remorqueur à pousser, l'étrave s'écarta de la jetée. Le pilote donna l'ordre au remorqueur de tirer à 20%, ce qui fit retomber l'étrave vers le quai. Il décida alors de faire culer le navire et d'utiliser l'extrémité aval arrondie de la jetée pour faire pivoter l'étrave vers le milieu de la rivière, sans l'aide du remorqueur. La manœuvre se passa comme prévu mais au moment où le pilote donnait l'ordre de mettre la machine en avant pour s'écarter du quai, il fut surpris de voir un autre navire en sortie, sur l'avant, approchant la zone où il avait l'intention d'éviter le navire pour le mettre cap vers la mer. Au lieu d'aller vers la rivière, le pilote remit le navire parallèle à la jetée et près d'elle, et en approchant du duc d'Albe amont, il mit la machine en arrière toute. Cela n'empêcha pas l'étrave de heurter le duc d'Albe et de provoquer des avaries à tous deux.

       Le pilote ignorait les mouvements de l'autre navire car :
  • Il n'avait pas demandé au VTS la liste des mouvements de navires prévus et,
  • Pendant qu'il était sur l'aileron sa VHF portable était sur un canal de travail avec l'officier de port et le remorqueur. Il était de ce fait incapable d'entendre les messages émis par le VTS annonçant les mouvements des navires sur la fréquence principale du port, messages qui étaient reçus dans la passerelle.

Position du navire au début de la manoeuvre

Mouvement du navire en marche arrière

Le navire s'écarte de l'appontement

Le navire touche le duc d'albe

Les leçons :

  1. Toute manœuvre envisagée doit être soigneusement planifiée en prenant en compte les effets potentiels des courants de marée. Il est essentiel que le pilote fasse part de ses intentions lors de l'échange d'informations avec le commandant. Le capitaine peut alors en discuter assez tôt et une action corrective peut être prise lorsque c'est nécessaire. Cela est indispensable lorsqu'il s'agit de faire une manœuvre inhabituelle, dans ce cas le VTS doit aussi être informé.


  2. En préparant l'accostage ou l'appareillage d'un navire il est essentiel de bien connaître la situation en prenant des informations sur tous les mouvements prévus. Si pour une raison quelconque le pilote ne peut écouter la fréquence principale du port il ne doit pas hésiter à demander à l'équipe de passerelle de lui transmettre les informations utiles concernant le trafic selon nécessité.


Retour au menu
Retour au menu