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Collision entre le chalutier "Cistude"
et le transport de produits chimiques "Bow Eagle"


        Circonstances du naufrage : Le 26 Août 2002 vers 02H00, le chalutier des Sables-d'Olonnes "Cistude" en transit à 8 nœuds, route au 105, d'une zone de pêche vers une autre, entre en collision avec le chimiquier norvégien "Bow Eagle" remontant à 14 nœuds du Brésil vers Rotterdam via la voie montante Ouest (matières dangereuses) du dispositif de séparation du trafic d'Ouessant.
      Le "Bow Eagle" est un chemical tanker relativement récent (1984), pavillon bis norvégien, de 24.700 t de port en lourd et de 172m de long.
      Le Commandant, le Second Capitaine et le Chef Mécanicien sont norvégiens selon la réglementation en vigueur sur les navires battant pavillon du NIS (Norwegian International Register), le reste de l'équipage est philippin.
      Beau temps cette nuit là en Mer d'Iroise, mer peu agitée, brise de NE et bonne visibilité.
      Sous la violence du choc 4 marins du "Cistude" sont projetés à l'eau, les trois autres disparaissent avec le chalutier par 47º58' N et 06º27' W. La balise de détresse se déclenche lors du naufrage à 02H30. Un des rescapés mourra d'épuisement en attendant les secours.
      Un avion des Douanes repère enfin les trois naufragés accrochés à deux bouées couronne à 10H00. Une demi-heure plus tard, le chalutier "Silure", du même armement, repêche les 3 marins qui ont séjourné 8 heures dans l'eau! Ces derniers sont finalement hélitreuillés à 11H15 et conduits à l'hôpital de Brest!
      Le "Bow Eagle" continue sa route n'ayant pas pris la pleine mesure du drame qui se jouait, laissant à l'eau les 7 marins pêcheurs ...
      Son bordé bâbord fut endommagé lors de la collision, une citerne latérale crevée, cette avarie avec perte d'environ 200 tonnes d'acétate d'éthyle, fut signalée au Cross Jobourg vers 16H00 le même jour par le commandant norvégien du chimiquier. Après cette révélation, le navire commence à être soupçonné d'être à l'origine de l'abordage!
      Ce n'est que le mardi 27 août que le matelot de veille philippin qui avait reçu de son lieutenant l'ordre de se taire, dénonce au commandant la lâche et inqualifiable attitude de son officier de quart (philippin). Le navire est alors détourné sur Dunkerque sur ordre du Premier Ministre pour les besoins de l'enquête.
      Le 28, l'armement ODFJELL qui a pignon sur rue en Norvège, propriétaire du "Bow Eagle" reconnaît officiellement l'implication de son navire dans une collision, probablement avec le "Cistude"
      Arrivée du "Bow Eagle" à Rotterdam son port de déchargement le 29 Août, poursuite de l'enquête judiciaire dans ce port à travers une commission rogatoire internationale.
      Le BEA mer (Bureau Enquêtes-Accidents/mer), dans ses premières investigations, fait apparaître que le naufrage du "Cistude" a été causé d'une part par un défaut de veille à bord de ce chalutier et d'autre part par un manque de réaction à bord du chimiquier notamment en ce qui concerne la manœuvre ultime du navire privilégié (Règle 17 du COLREG 72). Il fait aussi remarquer que le largage hydrostatique des 2 radeaux de sauvetage a parfaitement fonctionné mais que la dérive due au vent a empêché les naufragés de monter à bord. Une réflexion sur ce sujet est à mener rapidement.





      Ce dramatique accident a interpellé tous les marins que nous sommes, la Presse n'a pas été tendre avec notre corporation qui ne sort pas grandie de ce nouveau drame de la mer.
      Notre collègue Michel Bougeard revient sur ce sujet d'actualité dans l'article "ça passe ou ça casse", (voir dans la rubrique "tribune libre"), et nous fait part de ses craintes.
      Sur sa lancée il "dérive" vers les courses en solitaire où la qualité de la veille laisse aussi à désirer!.. Cet article a paru dans le journal "Libération" le jeudi 21 Novembre 02 sous le titre choc "La Route du Rhum hors la loi " ! Sûr qu'il va se faire quelques amis sur les pontons des Marinas ...

La rédaction d'Afcan Infos


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